On l'appelait Cacahuète, parce qu'il vendait des cacahuètes, évidemment. Pas très original, mais on ne connaissait pas son prénom et encore moins son nom de famille. Cacahuète était algérien ou marocain. Pourquoi avait-il posé son sac à Barlin, que faisait-il hormis son activité de vendeur de cacahuètes, où vivait-il ? Je ne m'en souviens pas. Mais je me rappelle de l'homme. Il attendait l'acheteur à la sortie du cinéma Cocu ou au marché. Il se promenait avec son panier présentoir en bandoulière et de temps en temps quelqu'un lui achetait un petit paquet de cacahuètes. Il récupérait des colifichets je ne sais où, des porte-clefs, des petits jouets qu'on trouvait dans les paquets de lessive Bonux, et ils les donnait en cadeau à ses clients. Cacahuète avait le sens du commerce.
On rencontrait souvent Cacahuète assis sur le rebord de la vitrine du magasin de disques qui se situait à l'angle des rues Ferrer et du Cornet, chez Creton, si mes souvenirs sont bons, à l'emplacement de l'actuelle confiserie. Les jeunes barlinois l'aimaient bien et taillaient souvent une bavette avec lui.
Un jour Cacahuète eut les honneurs de la presse. On le vit en photo dans Nord Matin, entouré par des agents de police de Barlin. Cacahuètes avait retrouvé de la famille au pays et y retournait pour de bon. Les policiers barlinois avaient pour mission de le conduire vers son lieu de départ. Tout est bien qui finit bien.
Cette courte histoire est approximative, car Cacahuète a dû quitter Barlin au début des années 60 et les souvenirs s'éloignent. Vous pourrez peut être la compléter ?