Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Barlin souvenirs

Un blog pour partager vos souvenirs et actualités sur Barlin, dans le Pas-de-Calais.


Coup de grisou à la Fosse 9 de Barlin-Hersin

Publié le 19 Décembre 2012, 22:53pm

Catégories : #les mines, #evenements

A la fosse 9 de la Compagnie des Mines de Nœux, fosse située sur le territoire d'Hersin-Coupigny, mais dont les corons sont sur Barlin, le lundi 16 avril 1917, vers 7 h 30, une explosion violente, courte. Un coup de grisou !

Dans les corons, la nouvelle se répand aussitôt et, comme toujours en ces tristes circonstances, c'est une course de femmes affolées dont les maris, les enfants sont descendus dans la mine, c'est une course de parents et d'amis vers la fosse dont les abords sont de suite interdits. Un cordon de soldats britanniques monte la garde. Derrière des barrières de clôture, c'est l'attente crispante, poignante, angoissante. Le vent souffle avec violence, une pluie fine tombe, mélangée de neige.

Le coup de grisou heureusement n'a pas été suivi d'incendie. Une équipe de secours descend rapidement, établit un courant d'air pour chasser les gaz. Spontanément, l'armée britannique met à la disposition des sauveteurs le personnel et le matériel de ses formations sanitaires.

Des nouvelles pessimistes circulent. Des blessés remontent. Des morts sont dégagés. Premières estimations 27 morts, une quarantaine de mineurs grièvement brûlés ... Au soir du 19 avril, on déplorait 34 morts, 11 blessés; 6 ouvriers étaient encore portés disparus. Finalement la catastrophe aura fait 38 morts et une quinzaine de blessés. La plupart des victimes : des soldats récemment arrivés à la fosse après avoir passé plusieurs années au front.

Le jeudi 19 avril, à 11 heures, en l'église de Barlin, se déroulent les obsèques de la plupart des victimes. Le service religieux est célébré par l'abbé Delohen et l'absoute donnée par le Chanoine Guillemant. Puis c'est le départ vers le cimetière de Barlin sous un ciel embrumé. En tête, derrière la croix, les délégations de sociétés, des porteurs de couronnes, suivis par des musiciens militaires anglais qui exécutent des marches funèbres. Viennent ensuite deux corbillards et des automobiles de la Croix-Rouge anglaise transportant les autres cercueils, puis les familles des victimes éplorées et une foule imposante, silencieuse.

Le long du parcours, les troupes britanniques rendent les honneurs, tandis que, tout proche, du côté de Lorette, gronde sans cesse la canonnade.

Au cours des funérailles, plusieurs discours sont prononcés, dont l'un par le représentant de la Municipalité, Decrombecque. Celui-ci rappelle les épreuves déjà traversées par la population barlinoise et rend un hommage solennel aux victimes de la mine, morts, pour que vive la France.

« La funèbre série de nos épreuves n'était donc pas encore close. Après l'accalmie qui a suivi nos deuils de 1915 -1916, nous avions espéré que, dans notre commune, des jours meilleurs allaient enfin luire. Des ouvriers dévoués, des enfants même avaient été frappés par les projectiles ennemis, ils étaient vraiment morts au champ d'honneur. Mais nous ne pensions pas que d'autres encore tomberaient victimes du devoir et pour la cause de la Patrie. La plupart d'entre eux avaient quitté les champs de bataille où ils avaient risqué cent fois leur vie ; ils étaient heureux d'avoir rapproché tout en continuant de travailler pour la Défense Nationale. La catastrophe de lundi nous a montré que la mine est aussi un champ de bataille où l'on travaille pour la France et où l'on donne sa vie pour le salut de son pays. De tout jeunes gens, des enfants presque, ont, par avance, payé leur dette à la Patrie dans ce service militaire d'un nouveau genre. Salut donc aux glorieux soldats de France dans les mines, comme dans les tranchées ».

Souviens-toi, par Henri Bourdon (Extrait 1914 – 1948)

La Fosse 9

La Fosse 9

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article